Environnement

Empreinte écologique : 5 choses à savoir pour comprendre cet indicateur clé

Temps de lecture : 5 minutes

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Publié le : 03/10/2025

À retenir

  • L’empreinte écologique mesure la surface nécessaire pour faire vivre une population.
  • Elle s’exprime en hectares globaux… ou en nombre de planètes.
  • En France, il faudrait près de 3 planètes si tout le monde vivait comme nous.
  • Plus de 50 % de notre empreinte écologique vient des émissions de CO₂.
  • L’indicateur a ses limites, mais reste un outil clé pour alerter sur les déséquilibres écologiques

Nos modes de vie actuels consomment bien plus que ce que la Terre peut régénérer. C’est ce que met en lumière un indicateur de plus en plus reconnu : l’empreinte écologique.

L’empreinte écologique mesure la surface de planète qu’il nous faut pour vivre : produire notre nourriture, construire nos logements, nous déplacer… et absorber nos rejets de CO₂.

Résultat : si tous les habitants de la planète vivait comme un·e Français·e, il faudrait près de 3 planètes pour soutenir un tel mode de vie !

Et c’est exactement ce que traduit le Jour du dépassement : chaque année, il marque la date à partir de laquelle l’humanité vit à “crédit écologique”. En 2025, ce seuil a été franchi dès le 24 juillet.

Mais que recouvre vraiment cette fameuse “empreinte écologique” ? En quoi est-elle différente de l’empreinte carbone ? Et comment se situe la France dans tout ça ? On fait le point dans cet article.

1. C’est quoi exactement, l’empreinte écologique ?

L’empreinte écologique est un indicateur environnemental créé dans les années 1990 par deux chercheurs canadiens, Mathis Wackernagel et William Rees.

Son objectif : mesurer la pression qu’exercent nos modes de vie sur la planète.

Concrètement, elle permet d’estimer la surface nécessaire pour :

  • produire ce que nous consommons (alimentation, logement, transport, biens…),
  • et absorber une partie de nos rejets, notamment les émissions de CO₂, grâce à la séquestration carbone (notamment par les forêts).

L’empreinte écologique est mesurée en hectares globaux (hag), une unité qui permet de comparer toutes les surfaces productives de la Terre (terres agricoles, forêts, océans…) ou en nombre de planètes nécessaires pour soutenir nos modes de vie.

L’empreinte écologique permet ainsi de répondre à une question simple mais essentielle :

Notre mode de vie est-il compatible avec ce que la planète peut nous offrir durablement ?

La réponse est souvent non. Quand notre empreinte dépasse la biocapacité de la Terre (sa capacité à se régénérer), on entre en situation de dépassement écologique.

Infographie sur l’évolution du Jour du dépassement, passé du 29 décembre en 1971 au 24 juillet en 2025

Et c’est exactement ce que montre le calcul annuel du Jour du dépassement, aujourd’hui de plus en plus précoce. Calculée par l’ONG Global Footprint Network, la date ne cesse d’avancer : elle est passée du 29 décembre en 1971 au 25 juillet en 2025. Cela signifie que, du 26 juillet au 31 décembre 2025, l’humanité vivra « à crédit », en utilisant des ressources que la planète n’est plus en mesure de produire.

2. En France, il faudrait presque 3 planètes pour soutenir notre mode de vie

Graphique empreinte écologique France 2024 : 4,8 hag par habitant
Graphique montrant l’empreinte écologique et la biocapacité de la France de 1961 à 2024

L’empreinte écologique moyenne d’un·e Français·e est estimée, en 2024, à environ “4,8 hectares globaux” par an (1). Or, la biocapacité disponible à l’échelle mondiale n’est que de 1,6 à 1,8 hectares globaux par personne. Autrement dit, si tout le monde vivait comme en France, il faudrait près de 3 planètes pour couvrir nos besoins.

À titre de comparaison, la moyenne mondiale est de 2,8 hag par personne. L’humanité vit donc déjà au-dessus de ses moyens écologiques. Tous les pays n’exercent pas la même pression sur la planète : l’empreinte écologique d’un pays est calculée à partir de celle de ses habitants.

La France fait donc partie des pays dits “débiteurs écologiques”. Nous consommons plus de ressources que notre territoire n’en produit. Cela signifie que nous dépendons fortement des importations de biens et de matières premières pour maintenir notre niveau de vie actuel.

À l’inverse, certains pays comme le Gabon ou le Congo sont considérés comme “créditeurs écologiques”, car leur biocapacité est supérieure à leur consommation.

Ce contraste montre le déséquilibre mondial : quelques pays restent encore dans les limites de la planète, mais la grande majorité consomme déjà plus que ce que la Terre peut régénérer. Selon le Global Footprint Network, 80% de la population mondiale vit dans un pays en déficit écologique (2).

3. L’empreinte écologique additionne 6 types de surfaces

Pour calculer l’empreinte écologique, on additionne six composantes qui reflètent nos usages quotidiens :

  • Les terres cultivées : pour produire le pain de notre tartine, les pâtes du dîner, l’huile pour cuisiner, ou encore le coton de nos vêtements, etc.
  • Les pâturages : pour nourrir les vaches, moutons et chèvres qui nous fournissent viande, lait, fromage et laine, etc.
  • Les forêts pour le bois et le papier : pour construire nos maisons, fabriquer du papier, produire de l’énergie, etc.
  • Les forêts pour le carbone : pour absorber une partie du CO₂ émis par nos déplacements, notre chauffage ou notre consommation d’énergie, etc.
  • Les pêcheries : pour les poissons et fruits de mer que nous consommons.
  • Les terrains bâtis : pour nos logements, infrastructures, les routes que nous empruntons, les zones commerciales ou les parkings.

Ces composantes traduisent :

  1. la pression que nous exerçons sur la planète pour prélever des ressources,
  2. et celle liée à la capacité de la planète à absorber nos rejets, notamment nos émissions de CO₂

En additionnant ces différentes “empreintes sectorielles”, on obtient une vision globale de la pression qu’exercent nos modes de vie sur la Terre.

4. Plus de la moitié de notre empreinte écologique vient du carbone

empreinte-écologique-carbone.jpg

On confond souvent empreinte écologique, empreinte carbone et bilan carbone. Pourtant, il s’agit de notions différentes.

L’empreinte carbone correspond uniquement aux émissions de gaz à effet de serre liées à nos modes de vie (transport, logement, alimentation…).

En France, l’empreinte carbone représente environ 58 % de l’empreinte écologique (3). Autrement dit, plus de la moitié de notre pression sur la planète vient de nos rejets de CO₂.

L’empreinte eau, de son côté, mesure la quantité d’eau utilisée pour produire les biens et services que nous consommons. Elle fait, comme l’empreinte carbone, partie des empreintes dites “sectorielles”.

Et le bilan carbone ? C’est un outil de calcul, utilisé surtout par les entreprises et les collectivités, pour mesurer précisément leurs émissions de gaz à effet de serre. À ne pas confondre donc avec l’empreinte écologique, qui donne une vision beaucoup plus large de notre pression sur la planète.

En clair : l’empreinte écologique donne l’image globale, tandis que le carbone (et l’eau) sont des zooms spécifiques sur certains impacts. Envie d’aller plus loin ? Découvrez notre article qui explique pourquoi et comment calculer votre empreinte carbone.

5. L’empreinte écologique a ses limites… et ses alternatives

L’empreinte écologique est un bon indicateur pour sensibiliser aux limites planétaires, mais certains chercheurs la jugent trop simpliste pour guider l’action. Ils lui reprochent aussi de s’appuyer trop largement sur la composante carbone, au point de donner l’impression de faire doublon avec d’autres méthodes plus précises comme l’Analyse du Cycle de Vie (ACV).

Contrairement à l’empreinte écologique, qui ramène tous les impacts à une surface en hectares, l’ACV est une méthode scientifique qui mesure l’impact environnemental d’un produit ou d’un service à toutes les étapes de sa vie : de l’extraction des matières premières à la fin de vie. Elle prend en compte plusieurs types d’impacts : émissions de gaz à effet de serre, consommation d’eau douce, pollution de l’air, déforestation, etc. L’ACV permet de dépasser les manquements de l’empreinte écologique, en couvrant des impacts non pris en compte par cette dernière.

Prenons un exemple :

  • Un t-shirt en coton bio peut sembler “vertueux” au regard de l’empreinte écologique (surface utilisée).
  • Mais une ACV mettra aussi en lumière la quantité d’eau utilisée ou les émissions liées à son transport.

C’est pourquoi, à l’échelle européenne, la méthode PEF (Product Environmental Footprint) a été développée. Elle s’appuie sur les principes de l’ACV. La Commission européenne recommande aujourd’hui le PEF comme méthode de référence, notamment pour l’affichage environnemental des produits.

Comment calculer son empreinte écologique ?

calculateur-empreinte-écologique.jpg

Calculer son empreinte écologique, c’est déjà prendre conscience que nos choix de vie, individuels et collectifs, ont un poids sur le climat. Et que ce poids dépasse souvent ce que la Terre peut encaisser.

Pour savoir où vous en êtes, le Global Footprint Network (4) propose un calculateur en ligne. Il traduit votre mode de vie en nombre de planètes nécessaire pour le soutenir.

Et si vous souhaitez allez plus loin, d’autres outils comme Nos Gestes Climat permettent de calculer votre empreinte carbone et votre empreinte eau, deux empreintes majeures de notre empreinte écologique.

Mais au-delà des chiffres, il y a un principe simple à garder en tête : la sobriété. En clair, utiliser mieux ce que la Terre nous offre, sans gaspiller ni épuiser ses ressources.

Et réduire son empreinte carbone et eau est déjà un levier puissant pour alléger son empreinte écologique.

Je calcule mon empreinte carbone et eau.

L'image du calculateur de l'empreinte carbone et eau de Nos Gestes Climat

Pour aller plus loin

Sources :

  1. Données mondiales de l'empreinte écologique.
  2. Global Footprint Network.
  3. Évaluation de la performance écologique des territoires français, Science Direct.
  4. Calculateur d'empreinte écologique du Global Footprint Network.

Crédits images : Unsplash (Jeremy Bishop, Jas Min, Jon Flobraut)

Portrait de Myriam Blal

Myriam,

Myriam est journaliste de métier, passionnée par les mots justes et les idées claires. Elle s’attache à écrire des textes accessibles, qui parlent à tout le monde, sans jargon. Elle contribue au blog de Nos Gestes Climat en tant que rédactrice depuis 2025.