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Take the testAvez-vous déjà entendu parler de maladaptation ?
An article by Julie Pouliquen, updated on 04/06/2024
Connaissez-vous le concept de “maladaptation” ? Voici la définition qu’en ont donnée un groupe de 16 experts qui se sont réunis autour du sujet en novembre 2012 :
“La maladaptation désigne un processus d’adaptation qui résulte directement en un accroissement de la vulnérabilité à la variabilité et au changement climatiques et/ou en une altération des capacités et des opportunités actuelles et futures d’adaptation.”
En d’autres termes, c’est une adaptation qui, pour faire face au changement climatique actuel, accroît le changement climatique futur. Qui fait plus de mal que de bien, donc.
C’est une idée qui mérite que l’on s’y attarde particulièrement en été, alors que les effets du changement climatique se font cruellement ressentir, avec des feux qui ravagent le monde et, à nouveau, des canicules record qui touchent - entre autres - la France.
Face à ces bouleversements, beaucoup sont démunis. Pour d’autres, qui ont plus de moyens, c’est le moment où ils réfléchissent à la mise en place de stratégies d’adaptation, certaines inoffensives, d’autres néfastes en termes d’impact climatique, avec pour effet d’accentuer encore plus l’injustice climatique. Et si nous en faisions le tour ?
Pour rafraîchir son logement
Attention au climatiseur
Chaque année, l’émergence de canicules de plus en plus fortes et de plus en plus longues amène des foyers à se poser la question de l’installation d’une climatisation dans leur logement. En 2020, il s’est vendu 800 000 unités de climatiseurs dans l’Hexagone, un record.
Il existe de nombreux types de climatiseurs. Leur impact est lié :
- À leur consommation énergétique : celle-ci est massive, et se déroule en été, quand la production d’énergies renouvelables (notamment issue de barrages hydroélectriques) est ralentie.
- À leur consommation de fluides frigorigènes (fluides capables d’absorber la chaleur, utilisés pour tous les systèmes de réfrigération, du frigo au climatiseur) : ceux-ci fuitent sur les périodes d’utilisation et de fin de vie. Ces fluides ont un pouvoir réchauffant jusqu’à plusieurs milliers de fois celui du CO2 et contribuent ainsi deux fois plus à l’empreinte de l’appareil que la consommation énergétique.
L’empreinte du climatiseur est de 350 kg éqCO2 par unité, pour une durée de vie de 6 ans (soit à peu près 60 kg par an). Pour rappel, l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 nous demande de viser des empreintes individuelles de moins de 2 tonnes par an et par personne.
S'il n'est pas possible pour vous d'améliorer assez le confort de votre logement pour maintenir une température intérieure avoisinant les 25° lors des épisodes caniculaires, ou si pour des raisons de santé l'usage d'un climatiseur est nécessaire, voici quelques bons réflexes pour réduire son empreinte sur le climat :
- Utiliser une température de consigne pas trop basse : tout comme on ne chauffe pas à 25° C en hiver, on ne climatise pas à 20° C en été.
- Faire réviser annuellement son matériel par un technicien compétent, pour réduire au maximum les fuites.
*Pour aller plus loin sur ce sujet, voici un lien de l'ADEME : La climatisation : vers une utilisation raisonnée pour limiter l’impact sur l’environnement*
Les solutions adaptées
Il y a plusieurs façons de garder le frais dans son logement. Leur mise en œuvre dépend de plusieurs facteurs : propriétaire ou non ? Temps devant soi ? Moyens financiers ?
Les plus efficaces sont bien sûr celles touchant au bâti en lui-même : amélioration de l’isolation, pose de volets, végétalisation des abords du logement, génération d’ombre… Elles supposent une anticipation des travaux et, pour beaucoup, d’être propriétaire de son logement. Ces stratégies sont plus onéreuses, mais l’efficacité est maximale, et elles permettent de réaliser également d’importantes économies de chauffage en hiver. Pour une partie de ces actions, des aides de l’État existent et peuvent être mobilisées.
De plus petites et moins coûteuses installations peuvent être réalisées, avec moins d’anticipation, comme l’installation de ventilateurs (dont des ventilateurs de plafond).
Et puis il y a tous les bons gestes à faire pour préserver le frais à l’intérieur en période de canicule : fermer les volets dès que le soleil tape, fermer les fenêtres quand la température extérieure est supérieure à la température intérieure, les ouvrir grand et générer un courant d’air quand c’est l’inverse, minimiser le plus possible l’usage d’appareils électriques à forte déperdition de chaleur.
Vous retrouverez toutes ces stratégies dans ce fascicule de l’ADEME : “Canicule : comment garder son logement frais (ADEME)”.
Pour se rafraîchir soi-même
Ah, que l’été est plus supportable quand nous pouvons faire trempette régulièrement !
La solution maladaptée : faire construire une piscine privée
En 2021, la France passait le cap des trois millions de piscines privées installées (à peu près la moitié enterrées, l’autre moitié hors-sol). Les piscines privées ont une empreinte CO2 importante, mais bien sûr ce n’est pas leur seul impact sur l’environnement : en premier lieu, les piscines augmentent une pression déjà croissante sur la ressource en eau.
Les solutions adaptées
Aller à la piscine municipale, utiliser une piscine partagée, trouver un plan d’eau non loin, une rivière ou une plage (et y aller à pied, à vélo ou en transports en commun) sont autant de façons de profiter d'une baignade sans plomber son empreinte carbone.
Pour partir en vacances au frais
L’été devient de plus en plus chaud en Hexagone, et naturellement pour leurs vacances estivales, les vacanciers commencent à sérieusement chercher du frais.
La solution maladaptée : partir (trop) loin
Des vacanciers se sont mis à partir très loin pour rechercher la fraîcheur. Comme certains touristes qui vont “profiter de l'hiver austral à La Réunion” pour fuir la canicule.
Un aller-retour moyen ou long-courrier représente à lui seul l’objectif d’empreinte carbone individuel annuel de 2 tonnes que nous devons viser pour atteindre la neutralité carbone (plus de données sur l'impact de l'avion). Limiter l’usage de l’avion est absolument primordial pour réduire notre contribution au changement climatique.
Les alternatives bas-carbone
Nous avons de la chance : nous vivons dans une des plus belles destinations touristiques du monde ! L’Hexagone est riche d’une diversité incroyable de paysages et de climats. Si votre objectif est de fuir la chaleur, vous pourrez préférer vous retrouver à la campagne plutôt qu’en ville, au bord d’un cours d’eau, en montagne, ou sur le bord de mer.
Une autre chance, c’est l’accessibilité en train d’une bonne partie de l’Europe ! Connaissez-vous l’offre Interrail ? Elle est un bon moyen pour parcourir un, ou plusieurs pays, en train. L'occasion de remonter un peu vers le nord ?
Vous faites partie d’une collectivité locale ? Trouvez ici les solutions adaptées à votre territoire.