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Mobilités douces : des modes de transport très puissants

Temps de lecture : 5 minutes

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Publié le : 09/05/2025

En mai, la 5e édition de Mai à vélo revient avec des milliers d’initiatives organisées partout en France. Objectif : (re)découvrir le plaisir de pédaler, tester une autre façon de se déplacer au quotidien… et amorcer, pourquoi pas, une réflexion sur l’impact de nos trajets sur le climat.

En parallèle, la 4ᵉ édition du Baromètre vélo de la Fédération française des Usagères et des Usagers de la Bicyclette (FUB) invite chacun·e d’entre nous à s’exprimer sur les conditions de circulation à vélo, qu’on soit cycliste aguerri ou occasionnel, en ville comme à la campagne.

Mais au fait, pourquoi parle-t-on autant de vélo ? C’est quoi ce délire général autour des deux roues ?! La prise de conscience individuelle et collective face aux enjeux climatiques, et l’urgence de réduire l’empreinte carbone des transports, n’y sont probablement pas pour rien… Les mobilités douces sont une des réponses à la crise climatique que nous traversons, et le vélo en est l’emblème attitré !

Mais comment ça, mobilités “douces” ?

Le terme de mobilités douces est apparu au début des années 2000, en réaction aux nuisances que commençaient à représenter certains modes de déplacement en ville. Les mobilités dites “douces” ont dès lors regroupé les mobilités qui réduisaient ces nuisances (bruits, pollutions, odeurs) : marche, vélo principalement, mais aussi rollers, trottinette…

Progressivement, les prises de conscience environnementales aidant, la notion de mobilités douces est venue englober de manière plus large les mobilités à l’impact environnemental faible. Selon les auteurs ou autrices, la notion de mobilités douces comprendra ou non l’usage des transports en commun.

Et ce n’est pas le seul terme en circulation ! Vous avez peut-être déjà croisé les expressions mobilités durables, mobilités actives, écomobilité ou encore mobilités alternatives ? Chacune a sa nuance, son origine, ses limites. Pour y voir plus clair, nous vous avons préparé un encadré à consulter en fin d’article.

Mobilités douces, durables, alternatives, écomobilité : peu importe le nom, elles sont redoutablement efficaces

En fait, à chaque expression son objectif : bénéfices santé ou environnement, partage de l’espace public… et à chaque expression son défaut : manque de précision, d’inclusivité, ou connotation péjorative. Qualifier ces mobilités de “douces”, n’est-ce pas, au fond, une manière de minimiser leur véritable potentiel ?

Ce qu’il faut surtout retenir, c’est que si on parle autant de mobilités durables, actives, alternatives ou douces, c’est parce qu’elles sont sacrément efficaces. À tous les niveaux :

  • écologique : totalement ou presque décarbonées
  • financier : très peu cher pour les appareils musculaires, rapidement rentabilisés pour les appareils à assistance électrique (2€ d’électricité pour 1000 km d’assistance)
  • pour une vitesse optimisée : le vélo est plus rapide que la voiture en ville, et permet des trajets à une vitesse supérieure à 20 km/h en milieu rural
  • le tout pour des bénéfices sur la santé qui ne sont plus à prouver

Ce qui fait toute la force des mobilités douces, c’est leur légèreté : ces véhicules ont nécessité très peu de matière pour être produits, et leur déplacement nécessite très peu d’énergie.

Efficacité énergétique des transports, en Mj par passager-km (énergie nécessaire pour transporter une personne sur 1 km). Image issue de [cet article](https://theconversation.com/which-transport-is-the-fairest-of-them-all-24806)
Efficacité énergétique des transports, en Mj par passager-km (énergie nécessaire pour transporter une personne sur 1 km). Image issue de l'article "Which transport is the fairest of them all?" sur The Conversation.

À l’inverse, nos voitures pèsent lourd : sur la route, mais surtout sur le climat.

Empreinte carbone des voitures : une question de poids

Dans le transport, tout commence (et se complique) avec une évidence physique : plus un véhicule est lourd, plus il faut de l’énergie pour le déplacer. Passé un certain poids, l’énergie musculaire ne suffit plus, il faut de l’énergie fossile ou électrique et donc, une empreinte carbone conséquente.

Dans le cas d’une voiture à essence, environ 90 % du carburant sert à déplacer la voiture elle-même, et non la personne qui est dedans. Autrement dit, on brûle du carburant surtout pour faire avancer une tonne de tôle et de plastique. 1,3 tonnes, pour être exacte : c’est le poids moyen d’une voiture en circulation en France. Et dans la plupart des cas, nos voitures de plus d’une tonne servent à transporter… une seule personne. En France, plus de la moitié des trajets de moins de 20 km se font en voiture en solo, et le taux d’occupation moyen sur cette distance est de 1,43 personne par véhicule. C’est ce qu’on appelle “l’autosolisme”, un fléau environnemental.

Même en version électrique, le problème reste entier. Pour rassurer les conducteurs sur l’autonomie des voitures, les voitures électriques sont dotées de batteries de plus en plus volumineuses et lourdes, qui affichent jusqu’à 500 km d’autonomie. Pourtant, ces autonomies sont largement surdimensionnées par rapport aux usages réels. Un·e Français·e effectue en moyenne seulement 6,3 trajets de plus de 80 km par an, et parcourt environ 28 km par jour. Pour la grande majorité des déplacements, une autonomie aussi élevée n’est tout simplement pas nécessaire.

Or le poids des batteries… est encore un poids à transporter, qui alourdit fortement l’empreinte du véhicule. Résultat : on alourdit inutilement les véhicules… et leur empreinte carbone.

Infographie d’Aurélien Bigo, auteur de [Voitures, Fake or Not ?](https://www.lisez.com/livres/fake-or-not-voitures/9791030104806)
Infographie d’Aurélien Bigo, auteur de Voitures, Fake or Not ?

L’empreinte carbone d’un véhicule dépend directement de son poids, et ce à deux niveaux :

  • À la fabrication : plus une voiture est massive, plus elle consomme de matières premières et d’énergie pour être produite (acier, aluminium, plastiques, batteries, etc.).
  • À l’usage : plus une voiture est lourde, plus il faut d’énergie pour la faire avancer, quel que soit le type de motorisation.

Et les tendances ne vont pas dans le bon sens : les SUV représentaient déjà 44 % des ventes en Europe en 2020. La légèreté n’est pas encore la norme. L’Agence internationale de l’énergie classe le développement des SUV comme le deuxième facteur d’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, juste après le secteur de l’aviation.

Or, même électriques, les voitures restent très carbonées si elles sont trop lourdes, trop puissantes ou utilisées en solo. Réduire leur taille, leur masse et leur usage reste donc la clé pour alléger leur empreinte.

Infographie issue de l'[Atlas des Mobilités 2022](https://fr.boell.org/fr/atlas-des-mobilites)
Infographie issue de l'Atlas des Mobilités 2022

Vous aimeriez bien réduire l’impact de vos déplacements, mais le vélo n’est pas pour vous une option ? Nous avons peut-être une solution pour vous ! Il existe désormais une nouvelle génération de véhicules ultra-légers, conçus pour remplacer une voiture classique avec un impact environnemental moindre : les véhicules intermédiaires, aussi appelés « vélis ».

Les véhicules intermédiaires, encore discrets… mais prometteurs

Les mobilités douces ne se limitent pas à la marche ou au vélo. Elles incluent aussi de nouveaux véhicules, pensés pour répondre aux besoins du quotidien tout en légers et réparables.

C’est le pari des véhicules intermédiaires, ou vélis. Ce sont des véhicules compacts (poids inférieur à 500 kg), limités à 45 ou 80 km/h, pensés pour aller à l’essentiel : deux à quatre places, quelques bagages, et une structure réduite au minimum. Leur objectif : diviser le poids par 2 à 4 par rapport à une voiture classique… et donc l’empreinte carbone associée.

Et ce n’est pas une idée sur le papier : en France, l’ADEME pilote l’Extrême Défi, une coopétition ouverte pour imaginer les véhicules de demain. L’enjeu : proposer des alternatives concrètes et abordables à la voiture, notamment dans les zones périurbaines et rurales, où les options de mobilité sont souvent limitées.

Il est difficile de trouver aujourd’hui une donnée officielle d’empreinte carbone pour les vélis. La gamme n’est pas encore assez large pour que les cabinets d’expertise se soient penchés dessus… Mais on peut tout de même l’extrapoler assez simplement à partir des mêmes données de base que la voiture.

Un exemple avec La Bagnole du constructeur Kilow : un modèle de 400 kg avec 12 kWh de batteries. Si l’on extrapole son empreinte carbone à partir des données de la Base Empreinte de l’ADEME :

  • Construction : 400 * 4,5 + 12 * 100 = 3000 kgCO2e.
  • Usage : 135 km annoncés avec les 12 kWh de batteries, soit 4,6 gCO2e/km
  • Empreinte au km : pour une durée de vie estimée à 100 000 km, 34,6 gCO2e/km

Insertion des véhicules intermédiaires dans le comparateur des empreinte de transport de ImpactCO2
Insertion des véhicules intermédiaires dans le comparateur des empreinte de transport de ImpactCO2

C’est plus qu’un vélo (même électrique), mais bien moins qu’une voiture individuelle, qu’elle soit à essence ou électrique. Une option à explorer pour celles et ceux qui ne peuvent pas encore tout lâcher… mais veulent rouler plus léger.

Vous l’aurez compris : quand il s’agit de réduire l’empreinte carbone des transports, la légèreté est un atout de poids. Moins un véhicule pèse, moins il consomme d’énergie pour se déplacer, à la construction comme à l’usage. C’est ce qui rend les mobilités douces incroyablement efficaces.

Et le vélo, dans tout ça ? Il ne se contente pas d’être seulement léger. Il est aussi redoutablement performant. Allons voir ça de plus près.

Mobilités douces : et si on passait à l’action ?

On l’a vu : légères, efficaces et peu polluantes, les mobilités douces ont tout pour elles.

Alors pourquoi ne pas sauter le pas, à votre rythme ? Voici quelques pistes pour commencer.

Commencer par observer, pour mieux agir

Et si vous commenciez par donner votre avis ? Jusqu’au 2 juin, la FUB vous invite à répondre au Baromètre vélo. C’est simple, rapide, et ça permet de faire avancer les choses dans votre commune : qualité des pistes, sécurité, confort, stationnement…

Que vous soyez déjà cycliste ou tenté·e par un changement d’habitude, c’est le bon moment pour passer à l’action.

Envie de vous (re)mettre en selle ?

L’événement Mai à Vélo est fait pour ça ! Faites un tour sur le site, il y a sûrement des actions organisées sur votre territoire.

Salarié⋅e ? Le forfait mobilités durables peut aussi vous intéresser. Vous pouvez avoir jusqu’à 800 € par an pour vos trajets domicile-travail à vélo, trottinette, covoiturage, autopartage. (Ajouter une phrase pour bien l’expliquer)

Pas prêt·e pour le vélo ? Des options moins polluantes que le tout-voiture existent

  • Du côté des véhicules intermédiaires ou vélis, de nombreuses innovations voient le jour : Bagnole de Kilow, Citroën Ami, Vhélio, QBX Sorean, OuiCycle, e-City par Aixam...
  • Et si vous devez opter pour un véhicule électrique, choisissez-le avec une batterie de taille raisonnable : c’est meilleur pour la planète, et pour le portefeuille.

Covoiturage

Et si vraiment vous devez prendre votre voiture… remplissez-la donc !

Et si vous faisiez le point, concrètement, sur l’impact de vos trajets sur la planète, mais pas seulement ?

Je fais le test sur Nos Gestes Climat

Mobilités durables, actives, alternatives… quelles différences ?

Les mobilités durables

Si les mobilités douces insistent surtout sur le confort ou la réduction des nuisances en ville, le terme « durable » met l’accent sur les enjeux climatiques : ce sont les modes qui visent à réduire notre empreinte carbone sur le long terme. La notion de durabilité est venue se suppléer progressivement à la mobilité douce dans le cas où c’est vraiment la réduction de l’empreinte des trajets qui est visée. La notion de ce qui est « durable » ou non est elle aussi subjective (notamment le fait que la voiture électrique puisse rentrer dans la catégorie des mobilités dites « durables »).
Les mobilités actives

La notion de « mobilités actives » est apparue avec la prise de conscience des effets de la sédentarité sur notre santé. L’idée : faire de nos trajets une occasion de bouger, en intégrant un peu d’activité physique dans le quotidien. On parle de mobilités actives dès qu’on avance grâce à l’énergie humaine : que ce soit à pied, à vélo ou à trottinette, avec ou sans assistance électrique, c’est toujours le corps qui fournit l’effort principal.

Les mobilités alternatives

On parle généralement de mobilités alternatives quand il s’agit d’évoquer les changements de pratiques autour de la mobilité. On emploie ce terme pour valoriser des changements de comportement.

Et l’écomobilité dans tout ça ?

C’est un terme qu’on croise souvent dans les plans de mobilité ou les politiques publiques. L’écomobilité désigne l’ensemble des pratiques visant à réduire la place de la voiture individuelle, et plus encore celle de l’autosolisme (NDLR : usage de la voiture, seul au volant). L’écomobilité englobe notamment les transports en commun, le covoiturage, ou encore les véhicules individuels dits “propres”, comme les voitures électriques.

Portrait de Myriam Blal

Myriam,

Myriam est journaliste de métier, passionnée par les mots justes et les idées claires. Elle s’attache à écrire des textes accessibles, qui parlent à tout le monde, sans jargon. Elle contribue au blog de Nos Gestes Climat en tant que rédactrice depuis 2025.