Gaz à effet de serre : comprendre ce qu’ils sont, d’où ils viennent et comment agir

Environnement

Temps de lecture : 6 minutes

Publié le : 07/11/2025

À retenir
  • Les gaz à effet de serre (ou GES) retiennent la chaleur dans l’atmosphère. Sans eux, la Terre serait invivable.
  • Mais émis en trop grande quantité ils dérèglent le climat et amplifient les événements extrêmes (canicules, sécheresses, inondations…).
  • Sept gaz sont officiellement suivis dans les bilans climatiques, dont le CO₂, le méthane et les gaz fluorés.
  • Nos activités quotidiennes (se déplacer, se chauffer, se nourrir…) émettent des GES, en France et à l’étranger.
  • Réduire nos émissions, c’est agir dès maintenant pour protéger nos vies et celle des générations futures.

Gaz à effet de serre : comprendre ce qu’ils sont, d’où ils viennent et comment agir

Ils sont invisibles, mais omniprésents. Sans eux, il ferait  -18 °C sur Terre. Avec trop d’eux, notre climat s’emballe. Les gaz à effet de serre (ou GES) modifient la température de la planète… et nos quotidiens. Mais que sont-ils exactement ? Et surtout, que peut-on faire pour en émettre moins ?

Les gaz à effet de serre sont au cœur des enjeux écologiques et de santé publique : ce sont eux qui piègent la chaleur dans l’atmosphère. Certains sont naturels, d’autres liés à nos modes de vie : alimentation, déplacements, chauffage…

Mais avant d’agir, encore faut-il comprendre ce qui se cache derrière ces gaz.

C’est quoi, un gaz à effet de serre ?

Des gaz qui retiennent la chaleur

Un gaz à effet de serre (ou GES) est un gaz de l’atmosphère qui absorbe une partie du rayonnement infrarouge émis par la Terre. Ce phénomène naturel, l’effet de serre, maintient la surface de la planète à environ +15 °C en moyenne, au lieu de –18 °C. Sans lui, pas de climat habitable, pas de vie.

Un effet amplifié par nos activités humaines

Depuis la révolution industrielle, nos activités ont bouleversé l’équilibre climatique. En brûlant des énergies fossiles, en déboisant des terres ou en élevant massivement des ruminants, nous avons relâché toujours plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ce qui participe à augmenter l’effet de serre, et donc à réchauffer la planète.

Les 7 gaz à effets de serre qui réchauffent notre planète

Tous les gaz à effet de serre ne réchauffent pas la Terre avec la même intensité : certains sont émis en plus grande quantité, d’autres sont beaucoup plus puissants. C’est ce qu’on appelle le potentiel de réchauffement global (ou PRG).

PRG, késako ? Le Potentiel de Réchauffement Global (PRG), utilisé par le GIEC, permet de comparer l’impact des gaz à effet de serre entre eux. Il exprime combien un gaz réchauffe la planète par rapport au dioxyde de carbone (CO₂), sur une durée standard de 100 ans.

Exemple :

  • Le méthane (CH₄) réchauffe environ 25 fois plus que le CO₂,
  • Le protoxyde d’azote (N₂O), près de 300 fois plus,
  • Certains gaz fluorés, plus de 10 000 fois plus

C’est grâce à ce PRG qu’on peut tout traduire en une même unité : la tonne équivalent CO₂ (CO₂e).

Plus le PRG d’un gaz est élevé, plus il piège la chaleur plus longtemps dans l’atmosphère, et plus il est nocif pour le climat.

  1. Le dioxyde de carbone (CO₂)

C’est le gaz à effet de serre le plus connu, car nous en émettons beaucoup plus que les autres. Il provient surtout de la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) pour produire de l’électricité, faire rouler nos voitures ou chauffer nos logements. Il est aussi émis par la fabrication du ciment ou la déforestation. Il représente environ deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

  1. Le méthane (CH₄)

Le méthane est environ 25 fois plus puissant que le CO₂ sur 100 ans. Il est principalement émis par l’agriculture (et l'élevage des ruminants, comme les vaches), les fuites de gaz naturel, certaines industries et les décharges, où les déchets organiques se décomposent sans oxygène (ce qu’on appelle une décomposition anaéobie), ce qui libère du méthane.

  1. Le protoxyde d’azote (N₂O)

Ce gaz est émis surtout par l’agriculture, à cause de l’utilisation d’engrais azotés. On le retrouve aussi dans certains procédés industriels et dans la combustion de biomasse ou de carburants fossiles.

Les gaz fluorés

4. Hydrofluorocarbures (HFC)

5. Perfluorocarbures (PFC)

6. Hexafluorure de soufre (SF₆)

7. Trifluorure d’azote (NF₃)

Derrière ces noms un peu barbares se cachent des gaz ultra-puissants et d’origine 100% humaine, utilisés dans la réfrigération (climatisation, pompes à chaleur), les aérosols ou l’électronique.

Comparaison PRG CO2 Méthane Protoxyde d'azote et Hexafluorure de soufre
Description détaillée de l'infographie ci-dessus

Pouvoir réchauffant global (PRG) par rapport 1 kg de CO2

  • Dioxyde de carbone (CO2) : 1 (référence)
  • Méthane (CH4) : 27,9
  • Protoxyde d'azote (N2O) : 273
  • Hexafluorure de soufre (SF6) : 25200

Et la vapeur d’eau ? C’est le gaz à effet de serre le plus présent dans l’atmosphère. Mais comme sa quantité dépend surtout des températures et du cycle de l’eau (évaporation, condensation), nos activités humaines en émettent peu. On ne la comptabilise donc pas dans les émissions de gaz à effet de serre liées à nos activités. Pourtant, elle joue un rôle d’amplificateur : plus il fait chaud, plus l’eau s’évapore, plus il fait chaud. On parle de “boucle de rétroaction positive” (mais négative pour nous !).

Une unité commune : l’équivalent CO₂

Tous les gaz à effet de serre n’ont pas le même impact sur le climat. Le méthane, par exemple, réchauffe l’atmosphère environ 25 fois plus que le dioxyde de carbone. Pour simplifier les comparaisons, on utilise une unité commune : l’équivalent CO₂, ou CO₂e. Le petit ‘e’ signifie ‘équivalent’ : cela inclut tous les gaz traduits en pouvoir de réchauffement CO₂ Cela permet d’exprimer l’ensemble des émissions - qu’elles soient liées au CO₂, au méthane ou au protoxyde d’azote - dans une seule unité, en fonction de leur PRG : le kgCO2e.

Pourquoi les gaz à effet de serre posent-ils problème ?

Les gaz à effet de serre ne sont pas des polluants classiques. À faibles concentrations dans l’air, la plupart ne sont ni visibles, ni directement toxiques. Mais leur accumulation rapide dans l’atmosphère, bien plus rapide que ce que les écosystèmes peuvent absorber, dérègle l’équilibre climatique.

Des impacts concrets déjà visibles

L’augmentation des GES entraîne :

  • Des événements extrêmes plus intenses (canicules, sécheresses, inondations),
  • La fonte des glaces, l’acidification des océans et la perte de biodiversité,
  • Des effets sur la santé humaine : aggravation des pathologies respiratoires, hausse de la mortalité en période de canicule, propagation de maladies comme la dengue ou le chikungunya, portées par des moustiques désormais présents en France.

L’Organisation Mondiale de la Santé estime qu’en 2030, le changement climatique pourrait déjà être responsable de plus de 250 000 décès chaque année dans le monde, via les canicules, la malnutrition, les maladies vectorielles ou les diarrhées.

Des gaz persistants

Autre difficulté : une fois émis, ces gaz restent longtemps dans l’atmosphère. Mais pas tous de la même manière.

  • Le méthane (CH₄), par exemple, est beaucoup plus réchauffant que le CO₂ à court terme, mais il disparaît en une douzaine d’années,
  • À l’inverse, le dioxyde de carbone (CO₂) peut impacter le climat pendant plusieurs siècles,
  • Le protoxyde d’azote (N₂O) reste actif environ 120 ans.
  • Quant à certains gaz fluorés, leur durée de vie peut atteindre plusieurs milliers, voire jusqu’à 50 000 ans.

Chaque tonne de gaz émise aujourd’hui réchauffe notre climat pour des décennies, parfois des siècles. Réduire nos émissions rapidement est donc indispensable pour limiter l’ampleur du réchauffement à venir.

Où sont émis les gaz à effet de serre ?

Nous émettons des gaz à effet de serre au quotidien, souvent sans même nous en rendre compte : un trajet en voiture, un chauffage allumé, un plat cuisiné, un colis livré, etc.

En France, des émissions liées à nos usages

Répartition émissions gaz à effet de serre France 2023
Description détaillée de l'infographie ci-dessus

Répartition sectorielle des émissions de GES en France en 2023 (estimation provisoire)

  • Industrie de l'énergie : 9%
  • Industrie manufacturire et construction : 17%
  • Transports : 34%
  • Usage des bâtiments et activités résidentiels/tertiaires : 16%
  • Agriculture/sylviculture : 20%
  • Traitement centralisé des déchets : 4%

Note : les donnes 2023 sont une estimation préliminaire Source : Format Secten - Citepa, 2024

Sur le territoire français, les principales sources d’émissions de gaz à effet de serre sont bien identifiées :

  • Le transport est le premier secteur émetteur (32 % des émissions en 2022), en grande partie à cause de la voiture individuelle.
  • L’agriculture arrive en deuxième position, notamment avec les émissions de méthane issues de l’élevage.
  • L’industrie manufacturière, la construction et le bâtiment résidentiel complètent le podium.

Ces données proviennent de l’inventaire national, qui mesure les émissions par secteur d’activité. C’est l’indicateur de référence utilisé pour suivre les engagements climatiques d’un pays.

Pour tenir ses engagements climatiques, la France s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030, par rapport à 1990.

Cette trajectoire est définie dans la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), qui sert de feuille de route à tous les secteurs : transport, agriculture, industrie, logement

Objectif final : atteindre la neutralité carbone en 2050, conformément à l’Accord de Paris. Pour y parvenir, la France devra ramener son empreinte carbone moyenne à 2 tonnes de CO₂e par personne et par an d’ici 2050. Un chiffre qui soulève de vraies questions…Notre article de blog ”Objectif 2 tonnes : pourquoi réduire son empreinte carbone est un défi collectif” vous explique pourquoi c’est un défi collectif, et ce que chacun peut faire dès maintenant.

Mais notre impact dépasse nos frontières

Il ne suffit pas de regarder ce qui est émis “chez nous”. Une grande partie des émissions liées à notre mode de vie a lieu à l’étranger, lors de la fabrication de biens que nous consommons : vêtements, téléphones, aliments importés, etc.

C’est ce que mesure l’empreinte carbone. Elle prend en compte les gaz à effet de serre liés à notre consommation, qu’ils soient émis en France ou ailleurs. En 2023, cette empreinte carbone était estimée à 9,4 tonnes équivalent CO₂ (CO₂e) par personne, contre 5,5 tonnes si l’on regarde uniquement les émissions sur le territoire. Cette différence met en lumière une réalité : nous “délocalisons” une partie de notre impact climatique en important des produits émetteurs fabriqués à l’étranger.

Pour mieux comprendre ce qu’est l’empreinte carbone et comment elle est calculée, vous pouvez lire notre article dédié : Qu’est-ce que l’empreinte carbone ?

Et moi dans tout ça ? Comment réduire mes émissions ?

Bonne nouvelle ! Une grande partie des gaz à effet de serre que nous émettons dépend de nos choix du quotidien. En particulier dans la mobilité, l’alimentation et le logement.

Changer nos habitudes n’est pas toujours simple, mais comprendre nos émissions est un premier pas.

Je calcule mon empreinte carbone avec Nos Gestes Climat.

Pour aller plus loin : réduire mes émissions au quotidien

Crédits images : Unplash / Eric Prouzet, Wikipedia, notre-environnement.gouv.fr

Portrait de Myriam Blal

Myriam,

Myriam est journaliste de métier, passionnée par les mots justes et les idées claires. Elle s’attache à écrire des textes accessibles, qui parlent à tout le monde, sans jargon. Elle contribue au blog de Nos Gestes Climat en tant que rédactrice depuis 2025.