Empreinte carbone des aliments : pourquoi nos assiettes pèsent lourd sur le climat
Temps de lecture : 5 minutes
|Publié le : 18/07/2025

Sommaire
À retenir
- La viande rouge, le chocolat et le café ont une empreinte carbone parmi les plus élevées.
- L’alimentation représente 22 % de notre empreinte carbone individuelle.
- L’agriculture est le principal poste d’émissions carbone de l’aliment, loin devant le transport.
- Le gaspillage alimentaire représente 25 kg de nourriture encore comestible par an et par Français.
- Pour réduire son empreinte carbone : mangez moins de viande, plus de légumes de saison et de légumineuses.
Quand on parle d’empreinte carbone, on pense spontanément aux trajets en voiture, à l’avion ou au chauffage. Mais notre alimentation pèse presque aussi lourd : elle représente en moyenne 22 % de l’empreinte carbone individuelle des Françaises et des Français (1), juste derrière le transport et le logement.
Chaque repas a un impact carbone, plus ou moins élevé selon les aliments qui le composent. Certains aliments comme le steak de bœuf, le café ou l’avocat ont une forte empreinte carbone. D’autres, comme les légumineuses ou les légumes de saison, émettent très peu de gaz à effet de serre.
Comprendre l’empreinte carbone de l'alimentation, c’est le premier pas pour faire des choix éclairés sans renoncer au plaisir de manger.
Quels sont les aliments qui ont la plus forte empreinte carbone ? Et surtout : comment réduire l’empreinte carbone de son assiette sans sacrifier le plaisir de manger ?
Dans cet article, on décrypte les émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation, on explique ce qui alourdit le bilan carbone des aliments, et on explore des gestes simples pour alléger l’empreinte carbone de ses repas au quotidien.
Quels aliments ont la plus forte empreinte carbone ?
Tous les aliments n’ont pas la même empreinte carbone. Certains, même consommés en petites quantités, émettent beaucoup de CO₂ et pèsent lourd dans notre empreinte carbone alimentaire.
Voici 9 aliments ou familles d’aliments représentatifs de nos assiettes, avec les raisons qui expliquent leur impact (2). Un bon point de départ pour mieux comprendre ce qui fait grimper le carbone dans nos repas.
1. Viande rouge : l’aliment le plus émetteur de gaz à effet de serre
La viande issue de ruminants (vaches, moutons, chèvres) est, de loin, l’aliment au bilan carbone le plus élevé. L’élevage mobilise de grandes surfaces agricoles pour produire l’alimentation animale, consomme beaucoup d’eau, d’énergie, d’intrants… et surtout, émet du méthane. Ce gaz à effet de serre, produit lors de la digestion des ruminants, a un pouvoir réchauffant 28 fois supérieur à celui du CO₂ (3).
2. Porc, volaille, jambon : un impact carbone plus modéré que la viande rouge
Les porcs et volailles, qui ne ruminent pas, émettent moins de méthane que les bovins. Ces viandes ont un bilan carbone plus faible que celui de la viande rouge. Ils se situent entre la viande rouge et les produits laitiers en termes d’impact carbone.
3. Produits laitiers : le fromage pèse plus lourd que le lait
Le fromage a une empreinte carbone plus élevée que le lait. Pourquoi ? Parce qu’il faut plusieurs litres de lait pour fabriquer un kilo de fromage. Cela demande plus de ressources, donc plus d’émissions de gaz à effet de serre.
4. Poissons : le saumon émet plus que les petits poissons
Le saumon a un impact carbone proche du jambon. Ce qui pèse dans son empreinte, c’est le carburant utilisé par les bateaux pour aller le pêcher.
Les petits poissons (maquereau, sardine, anchois) sont moins émetteurs, car on peut en pêcher beaucoup d’un coup, ce qui rend leur capture plus efficace. Mais pour les poissons, il faut aussi regarder l’état des stocks et les impacts sur la biodiversité.
5. Café : une empreinte carbone élevée, liée à la production et à la déforestation
Le café fait partie des aliments les plus émetteurs, après la viande rouge. Cela s’explique en grande partie par la phase agricole, qui reste le principal poste d’émission. À cela s’ajoutent la déforestation (destruction des forêts pour libérer des terres agricoles), fréquente dans les zones de production, et un transport longue distance, même s’il pèse moins dans le bilan carbone du café que sa culture elle-même. Le café a un impact carbone 15 fois plus élevé que le thé.
6. Chocolat : dans le trio des aliments les plus émetteurs de carbone
Le chocolat est lui aussi parmi les produits les plus carbonés, juste derrière la viande rouge et à côté du café. Pourquoi ? Parce que c’est une culture à faible rendement : il faut beaucoup d’hectares pour produire peu de cacao. Ce besoin d’espace contribue largement à la déforestation, ce qui alourdit fortement son empreinte carbone.
7. Thé : un bilan carbone plus modéré que le café
Le thé a un bilan carbone plus modéré que le café, notamment parce qu’il suffit de quelques feuilles pour une tasse de thé, contre 7 à 15 grammes pour le café. Il est un peu moins émetteur car sa culture mobilise généralement moins d’intrants (pesticides, produits phytosanitaires) que celles du café ou du cacao. Il reste néanmoins concerné par des impacts environnementaux, notamment liés à la déforestation.
8. Riz, pâtes, pommes de terre : des féculents peu émetteurs… sauf le riz
Les féculents comme les pâtes ou les pommes de terre ont une empreinte carbone faible, bien moindre que celle des produits animaux. Le riz fait exception : cultivé dans des rizières inondées, il émet du méthane. Son bilan carbone est un peu plus élevé que celui des autres féculents, comme les pâtes (2,01 kg de CO₂e par kilo de riz, contre 1,98 kg pour les pâtes).
9. Avocat et banane : une empreinte carbone correcte, mais d’autres impacts environnementaux
L’avocat et la banane font souvent débat. Leur empreinte carbone reste modérée, surtout comparée à la viande ou au fromage. Mais l’avocat est très gourmand en eau, et souvent cultivé dans des régions en stress hydrique. La banane, elle, pose davantage de problèmes environnementaux liés à l’usage intensif de pesticides.
Pour calculer et comparer l’empreinte carbone de vos aliments et repas préférés, le simulateur alimentation Impact CO2 devrait vous plaire :
Pourquoi notre alimentation émet-elle autant de carbone ?
L’empreinte carbone d’un aliment ne se limite pas à ce qu’il contient : elle englobe toutes les étapes nécessaires à sa production, du champ à l’assiette.
Pour comprendre pourquoi un aliment est plus ou moins émetteur de gaz à effet de serre, il faut regarder ce qu’il se passe tout au long de son cycle de vie.
Voici les principaux postes d’émissions liés à notre alimentation.
Alimentation : pourquoi c’est la phase agricole qui pollue le plus
À gauche : ce que nous mangeons. À droite : leurs poids dans notre empreinte carbone alimentaire. La viande rouge ne représente que 8 % des aliments consommés… mais 59 % des émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation.
C’est la phase de production agricole qui pèse le plus lourd dans notre assiette. En moyenne, deux tiers de l’empreinte carbone générée par les aliments proviennent de la phase agricole : élever des animaux, faire fonctionner des engins agricoles, irriguer les champs, chauffer les serres, produire et épandre des engrais de synthèse… tout cela demande beaucoup d’énergie et de ressources.
Et c’est encore plus vrai pour les produits d’origine animale. À eux seuls, viande, poisson, produits laitiers et œufs concentrent près des deux tiers de l’empreinte carbone alimentaire des Français.
Pourquoi ? Parce qu’il faut d’abord produire leur nourriture (céréales, soja, fourrages) avant même de produire la nôtre. Et cette chaîne-là pèse lourd, surtout chez les ruminants (vaches, moutons, chèvres), qui émettent en plus du méthane.
Le saviez-vous ? Près de la moitié des terres cultivées en France servent à nourrir les animaux plutôt que les humains(4).
Transport des aliments : quel impact sur leur empreinte carbone ?
En France, le transport représente environ 19 % de l’empreinte carbone de notre alimentation (5). Mais cette moyenne varie fortement selon les aliments.
Prenons un exemple : transporter un kilo de pommes de terre ou un kilo de viande dans un camion émet à peu près la même chose. Mais il pèsera bien plus dans le bilan des pommes de terre, qui ont une empreinte carbone très faible à la base (environ 700 g de CO₂e/kg, contre 28 kg pour le bœuf). Pour les légumes et les fruits, le transport peut représenter jusqu’à la moitié de leur impact carbone. Pour la viande, il ne compte que pour 2 à 3 %.
Autrement dit : plus l'aliment a une faible empreinte carbone, plus le transport devient un facteur clé.
En Europe, la majorité des aliments circulent en camion. À l’international, les longues distances se font surtout par bateau. L'avion, très émetteur, reste peu utilisé, mais il peut faire exploser l'empreinte carbone de certains fruits très périssables, comme la mangue.
Tomate française sous serre vs importée : qui pollue le plus ?
En plein hiver, une tomate française cultivée sous serre chauffée peut avoir jusqu’à six fois plus d’impact carbone qu’une tomate importée du Maroc cultivée en plein champ. Pourquoi ? Parce que chauffer une serre demande énormément d’énergie et génère bien plus d’émissions de gaz à effet de serre que le transport par camion. Là encore, c'est bien la phase de production qui pèse le plus sur l'empreinte carbone de la tomate.
D'où l'importance de privilégier des produits de saison et cultivés localement.
La transformation des aliments : un impact carbone souvent invisible
Plus un aliment est transformé, plus son empreinte carbone grimpe. Cuisson industrielle, refroidissement, emballage individuel, transport… chaque étape de transformation ajoute des émissions de carbone.
Les produits ultra-transformés, comme un croque-monsieur surgelé, une soupe en brique ou une mousse au chocolat industrielle ont déjà fait un long chemin avant d'arriver dans notre frigo. Résultat : ils représentent 53 % de l’empreinte carbone alimentaire des Françaises et des Français, contre seulement 26 % pour les produits non transformés.
Gaspillage alimentaire : le CO₂ qu’on ne voit pas… mais que l’on jette
En moyenne, un Français jette en moyenne 25 kg d’aliments encore consommables par an (6). Cela représente autant d’énergie, d’eau, de terres agricoles… de carbone émis pour rien. Et à l’échelle mondiale, le gaspillage alimentaire est responsable d’environ 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (7).
3 gestes simples pour réduire l’empreinte carbone de ses repas
Pas besoin de tout changer du jour au lendemain. Ces trois gestes simples sont parmi les plus efficaces pour alléger l’impact carbone de nos repas, tout en améliorant notre santé… et celle de la planète.
1. Rééquilibrer son assiette : moins de viande, plus de végétal
Réduire sa consommation de viande, surtout de viande rouge, est l’un des gestes les plus efficaces pour limiter l’empreinte carbone de ses repas. Et c’est aussi bon pour la santé. On peut commencer par un repas végétarien par semaine, et cuisiner davantage de légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots…), riches en protéines. Besoin d’inspiration ? Découvrez ces idées de recettes de cuisine savoureuses à base de légumes et de légumineuses (8) !
2. Traquer le gaspillage alimentaire
Chaque aliment jeté, c’est du CO₂, de l’eau, de l’énergie et des terres gaspillées… pour rien. Ce gaspillage alimentaire évitable se joue à la maison, au restaurant ou pendant les courses. On fait une liste avant d’aller faire les courses, on cuisine les restes, et on apprend à faire confiance à son nez plutôt qu’à la date « à consommer de préférence avant… ».
3. Manger de saison, local et bio : un trio gagnant pour le climat
Quand on ne sait pas quoi choisir, trois repères simples aident à réduire l’empreinte carbone des aliments : acheter des fruits et légumes de saison, privilégier les produits locaux et bio. Ce n’est pas toujours possible, mais c’est souvent mieux. Pour cela, on peut :
- s’aider d’un calendrier des légumes de saison (9),
- acheter directement aux producteurs (10),
- fréquenter les marchés locaux, et les épiceries qui valorisent les produits du terroir.
Réduire l’empreinte carbone de nos repas, c’est un bon début. Mais pour transformer durablement nos assiettes, il faut aussi repenser le modèle alimentaire qui les remplit. À lire aussi : notre article pour aller vers une alimentation durable.
Je calcule mon empreinte carbone avec Nos Gestes Climat.
Sources :
- Notre alimentation, c’est combien de gaz à effet de serre (GES) ?
- Vidéo Brut / Ademe : c’est quoi le (vrai) bilan carbone de nos aliments ?
- Le Pouvoir de Réchauffement Global du méthane (PRG)
- Insee : en 2020, les cultures fourragères, destinées à l’alimentation des animaux, s'étendent sur 12,6 millions d'hectares, soit 47 % des surfaces agricoles
- Le transport, responsable de 19% des émissions de gaz à effet de serre - ministère de l’Agriculture
- Pourquoi gaspillons-nous autant de nourriture ?, Agir pour la transition écologique
- Rapport de l’ONU : le monde gaspille plus d’un milliard de repas par jour
- Recettes des 4 saisons à base de légumes et légumineuses, Agir pour la transition écologique
- Calendrier des fruits et légumes de saison, Agir pour la transition écologique
- Comment choisir les meilleurs produits ?, Agir pour la transition écologique

Myriam,
Myriam est journaliste de métier, passionnée par les mots justes et les idées claires. Elle s’attache à écrire des textes accessibles, qui parlent à tout le monde, sans jargon. Elle contribue au blog de Nos Gestes Climat en tant que rédactrice depuis 2025.