Ils ont testé leur empreinte carbone... et ont changé leurs habitudes !

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Temps de lecture : 6 minutes

Publié le : 17/11/2025

Quatre parcours, quatre déclics pour le climat

Changer, c’est possible. Et parfois, c’est même joyeux.

À l’occasion de la Journée mondiale du climat, Nos Gestes Climat donne la parole à quatre personnes qui ont commencé à changer leurs habitudes pour le climat.

Alimentation, logement, mobilité, consommation… Leurs témoignages, ancrés dans le réel, montrent que chacun peut agir à sa façon, avec ses contraintes, ses élans et ses ressources.

Et que parfois, il suffit d’un test pour tout déclencher.

Alban : quand il suffit d’un déclic

Avant d’agir, encore faut-il savoir par où commencer. Pour Alban, faire le test Nos Gestes Climat a été un déclic structurant : un outil clair, chiffré, qui l’a aidé à prioriser. "Je suis ingénieur, j’ai besoin de trucs quantifiés. Le simulateur me parle."

Déjà sensibilisé depuis plusieurs années, notamment via la Fresque du Climat, il cherchait un levier concret. Le test lui apporte enfin un point de départ clair. Côté logement, il profite d’un déménagement pour s’attaquer à une maison des années 70 mal isolée. “On est passé de la catégorie F à A”. Pour y parvenir, la famille a engagé une rénovation complète : isolation, changement de chauffage, pompe à chaleur géothermique, ampoules basse conso, panneaux solaires… Un investissement pensé aussi pour demain : "Quand je serai à la retraite, j’aurai moins de revenus. Rénover, c’est aussi une forme de sécurité."

Autre levier fort : l’alimentation. "Je suis devenu flexitarien. On cuisine végé en famille, avec le livre Simple d’Ottolenghi. On faut des choses merveilleuses avec ça (…). Le chou-fleur à l’eau, c’était une punition pour moi petit. Aujourd’hui, avec une cuisson lente et une sauce citron et des épices… c’est devenu magnifique." Le plaisir de manger devient moteur de changement. "Pour moi, la nourriture, c’est un vecteur très puissant."

Depuis, il refait le test régulièrement, et apprécie les évolutions. "L’ajout de la rubrique eau, la partie actions listées à la fin du test… tout ça m’aide à mesurer mes progrès." Il avance par étapes, en restant lucide sur les freins : une voiture de fonction difficile à éviter, des alternatives de transport pas toujours adaptées. Mais il s’efforce d’agir là où c’est possible, sans culpabiliser pour le reste.

Pour lui, tout est parti d’un constat rationnel : il fallait faire quelque chose. Mais au fond, ce qui l’anime, c’est la transmission. "Je fais ça pour mes enfants. Je ne veux pas leur laisser un mauvais legs." À force d’échanges, de discussions, de gestes concrets, c’est lui qui est devenu moteur dans la famille. Et les enfants suivent, chacun à leur rythme.

Christian : manger autrement, ensemble

À 75 ans, Christian n’a pas laissé son âge l’empêcher de bouger. Installé à la campagne, il découvre Nos Gestes Climat en visionnant des vidéos sur le climat. Curieux, il fait le test. Deux fois. "J’ai voulu vérifier des choix que j’avais faits, voir si je pouvais améliorer." Et, contre toute attente, il change ses habitudes.

Le plus gros levier ? L’alimentation. "Avant, je mangeais de la viande tous les jours. C’était ancré." Avec sa compagne, ils passent à une alimentation plus sobre, plus partagée. "C’est un compromis. On discute, on adapte. Et ça marche." Le calculateur a joué un rôle clé : "Il m’a permis de visualiser ce qu’on ne voit pas. Par exemple, en plus du carbone, l’eau cachée derrière nos aliments."

Son empreinte carbone annuelle ? Environ 8 tonnes de CO₂e, un peu en dessous de la moyenne nationale, mais encore loin de l’objectif des 2 tonnes. Christian le sait : certains postes sont difficiles à faire bouger. "Le changement ne peut pas reposer uniquement sur les individus." À la campagne, impossible de faire ses courses sans voiture. Il regroupe ses trajets, congèle le pain, mais le transport reste un point dur. "Quand le supermarché est à 7 km, on évite d’y aller tous les jours. On regroupe, on congèle, on s’organise."

Côté logement, il a fait isoler murs et plafonds, et engagé des travaux de rénovation avec des artisans. Il a aussi installé lui-même des panneaux solaires au sol sur son terrain. _"Ce n’est pas compliqué, juste un peu technique." _

Emmanuelle : repenser sa consommation, à son rythme

Pour Emmanuelle, le déclic est venu en pleine grève des éboueurs, à Nantes. C’était il y a deux ans. Devant les sacs d’ordures qui s’accumulent dans la rue, elle se surprend à penser : “Et moi, quel rôle je joue dans tout ça ?” Cette prise de conscience la pousse à s’intéresser à la réduction des déchets. De fil en aiguille, elle tombe sur le simulateur Nos Gestes Climat. Elle le teste. Et découvre qu’elle est déjà en dessous de la moyenne. Surprise. Mais pas question d’en rester là.

Depuis, elle refait le test chaque année. Un rituel qu’elle aime, et qui l’encourage. "J’ai perdu deux tonnes de CO₂e en deux ans." Ce qui l’a aidée ? Voir très concrètement ce qui pèse lourd… et ce qui est accessible.

Elle commence par la viande rouge : moins souvent, mais de meilleure qualité. Puis le café - "je pourrais en boire jusqu’à 15 par jour !" - qu’elle réduit peu à peu. "Je me suis vraiment mise à la seconde main, à réparer, à voir comment je pouvais réutiliser les choses, à donner." Le compost aussi, qu’elle avait laissé de côté faute de solution simple. En refaisant le test, elle se rend compte qu’un composteur public se trouve à deux minutes de chez elle. "Je me suis dit : c’est bête de ne pas le faire."

Elle passe au biogaz, à l’électricité verte, installe des mousseurs pour réduire sa consommation d’eau, et choisit un forfait mobile neutre en carbone. "Ça a renforcé des gestes que je faisais déjà, et m’a donné de nouvelles idées."

Son approche est progressive. "Pas de big bang", insiste-t-elle. "Juste des petits pas, comme on en fait naturellement à certains moments de la vie : un déménagement, des enfants, une nouvelle routine…" Elle en est convaincue : tout le monde peut s’y mettre, à tout âge. "Même à 50 ans, ce n'est jamais trop tard."

Aujourd’hui, sa mère utilise le mode éco de la machine à laver. "Elle ne l’utilisait jamais !", sourit-elle. Emmanuelle croit au pouvoir des petits gestes, même modestes. "C’est la théorie du colibri", dit-elle. "Chacun peut faire sa part. Et parfois, ça donne envie aux autres de s’y mettre aussi."

Aline : bouger sans voiture (ni avion)

Aline sait depuis longtemps que la courbe des émissions de CO₂ monte. Trop. Elle se souvient de l’avoir vue pour la première fois en 2008. À l’époque, elle entendait : “l’année prochaine, ça va baisser”. "J’étais au courant, mais je ne faisais pas grand chose". Mais en 2022, elle retombe par hasard sur cette courbe… toujours à la hausse. "J’ai eu un haut-le-cœur. Mais pourquoi elle ne baisse pas ?"

Cela pousse à chercher quoi faire, concrètement. Elle tombe alors sur le simulateur Nos Gestes Climat. "Il m’a vraiment aidée. Il m’a donné les bons ordres de grandeur, et m’a permis de comprendre ce qui a un impact… et ce qui n’en a pas."

"Je ne pensais pas que la voiture représentait 25 % de nos émissions individuelles. Limiter son usage a un impact énorme." Aujourd’hui, elle ne parcourt que 2 000 km par an. "Je ne conduis presque plus." "Avec ma famille, on ne prend plus l’avion depuis trois ans." Un choix fort, mais pas si difficile à vivre : "Je pensais que ce serait contraignant. En fait, non."

Elle décide également de s’attaquer à l’énergie du logement : une pompe à chaleur installée dans sa maison. "Pof, une tonne d’empreinte carbone en moins. Ça valait le coup."

Inspirée par Bea Johnson*, elle simplifie son quotidien, tout en gardant le sourire. "J’aime que ce soit joyeux."  Elle adopte peu à peu un mode de vie zéro déchet. Paniers locaux, livraison en vrac avec système de consigne, café moulu sans capsules… "Je fais durer mes objets le plus possible. Je ne jette rien, je répare." Au début, elle se dit que ça ne durera pas. "Je pensais que j’arrêterais au bout de deux mois… Finalement non. C’est devenu simple."

Une fois par mois, Aline tient un stand dans un centre commercial. Avec ses visuels maison, elle explique les ordres de grandeur, répond aux questions, rassure. "Je ne cherche pas à convaincre tout le monde. Ce qui m’intéresse, c’est d’échanger avec des gens curieux, qui se posent des questions."

Personne n’est parfait, mais tout le monde peut commencer

Aucun d’eux ne se dit exemplaire. Tous ont douté, ajusté, parfois ralenti.

"Parfois, on aimerait faire plus, et puis on n’y arrive pas. Ce n’est pas grave, c’est pour plus tard", souffle Emmanuelle.

Aline, elle, pensait abandonner le zéro déchet au bout de deux mois. "Finalement non. C’est devenu simple, et même rigolo !"

Christian assume ses limites : "On fait ce qu’on peut. Je suis loin d’être irréprochable, mais je m’en veux un peu moins."

Et pour Alban, l’important, c’est de ne pas se sentir perdu : "On peut vite se sentir impuissant face à l’ampleur du truc. Le simulateur aide à voir ce qui est à sa portée."

Le 8 décembre, c’est la Journée mondiale du climat. Une journée pour se poser, pour regarder où l’on en est face au défi climatique. Pour tester, comprendre, se donner un cap.

Eux l’ont fait. Ils se sont mis en mouvement et c’est déjà beaucoup. Et vous, par où commencerez-vous ?

Je découvre mon empreinte carbone.

L'image du calculateur de l'empreinte carbone et eau de Nos Gestes Climat

Leurs livres déclics

  • Simple de Yotam Ottolenghi : des recettes originales et savoureuses, pensées pour le quotidien avec 10 ingrédients max, peu de vaisselle… et zéro prise de tête. Alban y a redécouvert le chou-fleur, et le plaisir de cuisiner autrement.
  • Bea Johnson est une autrice et conférencière française, pionnière du mouvement zéro déchet. Dans son livre Zéro déchet, 100 astuces pour alléger sa vie (2013), elle partage sa méthode pour alléger son quotidien et réduire ses déchets au maximum.
Portrait de Myriam Blal

Myriam,

Myriam est journaliste de métier, passionnée par les mots justes et les idées claires. Elle s’attache à écrire des textes accessibles, qui parlent à tout le monde, sans jargon. Elle contribue au blog de Nos Gestes Climat en tant que rédactrice depuis 2025.