Empreinte carbone du textile : Nos Gestes Climat affine son calcul
Temps de lecture : 5 minutes
|Publié le : 08/07/2025

Sommaire
J'use mes vêtements jusqu'à la corde.
Je n’achète plus de vêtements neufs, je suis déçue par le résultat.
Je pensais que la seconde main avait un impact moins important que le neuf.
Ces messages, vous êtes plusieurs à nous les avoir envoyés après avoir fait le test d’empreinte écologique sur le calculateur Nos Gestes Climat.
Souvent étonnés, parfois frustrés. Vos retours disent tous la même chose, en creux :
“J’achète moins de vêtements, j’achète d’occasion, je fais durer. Je fais de mon mieux pour éviter le neuf, mais on dirait que le simulateur ne voit pas la différence.”
Et nous comprenons ce sentiment. Jusqu’à récemment, le simulateur d'empreinte carbone se basait sur une approche quantitative. Il vous demandait combien de vêtements vous achetiez par an (t-shirts, pantalons, manteaux, chaussures, etc.) sans distinguer s’ils étaient neufs ou d’occasion, ni pourquoi vous les aviez achetés.
Une liste de cases à remplir, en somme. Impossible, par exemple, de faire la différence entre un manteau acheté par nécessité, en seconde main, et un pull acheté neuf “juste pour le plaisir”.
Mais ça, c’était avant !
Un test plus juste, un calcul plus nuancé
“Pour quelle raison achetez-vous de nouveaux vêtements ?” C’est la question qui ouvre désormais la séquence textile du calculateur d’empreinte écologique. Et elle dit déjà beaucoup sur notre rapport à la consommation.
Le simulateur s’intéresse aussi à vos habitudes d’achat (besoin ou coup de cœur ?), sur le type de marques que vous privilégiez, et sur la fréquence de renouvellement de votre garde-robe.
Car un pantalon qu’on porte longtemps, qu’on répare en cas d’accroc, qu’on garde en bon état et qu’on donnera peut-être un jour… laisse une empreinte carbone et une empreinte eau bien moindre que celui qu’on achète sur un coup de tête au sein d’une grande enseigne d’ultra fast-fashion, qu’on porte deux fois, puis qu’on revend sur une plateforme d’occasion. Ça peut sembler évident… mais jusqu’ici, le simulateur Nos Gestes Climat leur attribuait exactement la même empreinte.
Vous l’aurez compris, le simulateur d’empreinte écologique ne se contente plus de compter les vêtements de votre dressing : il s’intéresse à ce qu’ils disent de vos habitudes de consommation.
Alors si vous aviez déjà fait le test, et que vous aviez trouvé la partie textile un peu trop simpliste… vous devriez jeter un œil à la nouvelle version du calculateur Nos Gestes Climat.
Mieux comprendre pour mieux agir
Pendant le test, les nouvelles questions amènent à réfléchir à son propre rythme d’achat, à ce qui pousse à consommer, ou à ne pas consommer.
Cette évolution s’inscrit dans une logique plus large : celle de la pédagogie portée par l’ADEME en matière de consommation. Parmi les alternatives à l’achat de neuf, la seconde main est souvent mise en avant. Et pour cause :
- elle évite la fabrication d’un produit neuf,
- elle allonge la durée de vie d’un objet existant,
… à condition que la revente d’occasion arrive après une première vie du vêtement. Si un vêtement d’occasion est revendu sans avoir été porté ou presque, on ne parle plus vraiment de seconde main, mais plutôt d’une première main déguisée. Et dans ce cas, le bénéfice écologique s’efface, et l’effet rebond prend le relais : on achète, on revend, on rachète…sans vraiment ralentir .
La seconde main : solution ou illusion ?
Aujourd’hui, la seconde main n’est plus un geste marginal : le marché est estimé à 7 milliards d’euros en France (1). En 2023, près de 3 Français et Françaises sur 4 ont acheté au moins un objet d’occasion (2). Un pull, un téléphone, un meuble… parfois même jamais utilisés.
En théorie donc, la seconde main permet d’allonger la durée de vie des produits et d’éviter de fabriquer du neuf. Mais en pratique, c’est plus nuancé.
La fréquence d’achat reste élevée, les vêtements circulent vite, parfois sans vraiment être portés. Et ce n’est pas une impression : selon une étude ADEME/ObSoCo parue en juillet 2025, les Françaises et les Français pensent posséder 79 vêtements, mais en détiennent en réalité 175 en moyenne (3). Cette accumulation traduit une consommation bien plus soutenue qu’on ne le croit, y compris en seconde main.
On parle alors de “seconde main neuve” : une pratique qui ne freine pas la surconsommation, mais l’alimente. Et ce n’est pas seulement une question de fréquence d’achat : même un produit d’occasion a un impact carbone, lié à son mode de livraison. En 2021, 1 milliard de colis ont été envoyés en France, générant environ 1 million de tonnes de CO₂.
Les articles de seconde main empruntent les mêmes circuits logistiques que le e-commerce classique. Et même en choisissant un retrait en point relais, 1 achat sur 3 implique un trajet en voiture, ce qui annule une partie du bénéfice écologique. Comme les produits neufs, ceux d’occasion voyagent par camion, avion ou véhicule particulier.
Autrement dit, acheter d’occasion ne signifie pas toujours consommer moins.
Dans près de 50 % des cas (4), l’achat d’occasion ne se substitue pas au neuf, mais s’y ajoute, alimentant ainsi la surconsommation.
Derrière la seconde main, des pratiques d’achat très variées
Certaines personnes achètent d’occasion pour économiser, d’autres par souci écologique, ou encore pour se faire plaisir et cumuler des objets de qualité à petit prix. Une étude sur la surconsommation de l’ADEME (5) distingue plusieurs profils d’acheteurs et d’acheteuses d’occasion :
- Les "sobres convaincus" (7,6 %) achètent presque exclusivement d’occasion et évitent le neuf autant que possible.
- Les "occasionnels" (12,3 %) achètent peu, que ce soit du neuf ou de l’occasion.
- Les "adeptes du neuf" (34,8 %) privilégient le neuf pour sa fiabilité et le plaisir d’achat.
- Les "grands consommateurs" (45,3 %) jonglent entre neuf et occasion, achetant et revendant à un rythme soutenu.
Mais alors, quelles bonnes pratiques pour rester dans la seconde-main “éthique” ?
Et après le test ? Des pistes concrètes pour agir
Une fois le test d’empreinte carbone réalisé, vous obtenez une estimation de votre empreinte carbone individuelle. Mais ce n’est pas tout : une ou plusieurs fiches actions personnalisées vous sont proposées à la fin du parcours, en lien direct avec vos réponses.
Ce qui compte, au fond, c’est la durée de vie réelle de vos vêtements. Un pantalon porté 100 fois “pèse” beaucoup moins qu’un autre porté deux fois avant d’être revendu. Plus vous portez un vêtement, plus vous amortissez son empreinte carbone.
Alors, comment allonger la durée de vie de vos vêtements ?
- Acheter par besoin, pas sur un coup de tête
- Limiter sa garde-robe à ce que l’on porte vraiment
- Réparer quand c’est possible (de plus en plus de marques le proposent : Décathlon, Lafuma, Nudie Jeans, Patagonia, etc.)
- Donner les vêtements que l’on ne porte plus… plutôt que stocker
- Et si vous devez vraiment acheter, privilégier la seconde main
Et si vous cherchez où réparer, donner ou acheter d’occasion près de chez vous, l’ADEME met à disposition un outil simple et gratuit : "Que faire de mes objets ?". Il vous guide vers les adresses locales adaptées (ateliers de réparation, recycleries, etc.) pour prolonger la durée de vie de vos objets… et éviter des achats neufs inutiles.
Et si on se posait les bonnes questions ?
Alors avant de “craquer” pour une nouvelle pièce, prenez un petit temps de pause, juste pour remettre un peu de conscience dans vos achats de vêtements.
Voici 5 questions simples à se poser avant de passer à l’achat :
- Est-ce que j’en ai vraiment besoin ?
- Est-ce que je vais le porter souvent ?
- Comment je faisais sans ?
- Est-ce que j’ai déjà quelque chose de similaire ?
- D’où vient ce produit, comment a-t-il été fabriqué ?
La meilleure alternative, c’est peut-être de ne pas acheter.
Vous aviez déjà fait le test ? Recommencez. Votre résultat d’empreinte carbone annuelle pourrait bien changer. Parce que le modèle a changé aussi !
Sources :
1 - Analyse du marché de la seconde main, ENOV
2- Le marché de la seconde main : quelles opportunités pour les consommateurs et les professionnels au service d’une
consommation plus durable ?
3 - Shopping compulsif, les faits et les chiffres, étude ADEME / ObSoCo, juillet 2025
4 - Étude ADEME : Achats d’occasion : surconsommation ou sobriété ?
5 - Étude ADEME : Achats d’occasion : surconsommation ou sobriété ?
Pour creuser le sujet et mieux comprendre les impacts environnementaux et sociaux de l’industrie textile, nous vous recommandons chaudement la lecture du guide de l’ADEME paru en mai 2025, sur les impacts de la mode et de la fast-fashion. Une lecture qui a aussi nourri cet article.

Myriam,
Myriam est journaliste de métier, passionnée par les mots justes et les idées claires. Elle s’attache à écrire des textes accessibles, qui parlent à tout le monde, sans jargon. Elle contribue au blog de Nos Gestes Climat en tant que rédactrice depuis 2025.
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