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Comment réduire l’empreinte carbone du numérique ?

Pourquoi l'empreinte du numérique est un sujet de société important ?

Ces dernières années, le numérique est évoqué comme LE nouveau poste d'émissions carbone. Et pour cause ! En France, le numérique émet autant que de CO2 équivalent que l'avion, soit 2,5% des émissions françaises[^1]. Au niveau mondial, il représente entre 3 et 4% des émissions[^2] [^3] aujourd'hui et les projections de croissance exponentielle de ce secteur en font aujourd’hui un enjeu majeur en termes d’émissions de gaz à effet de serre (+60 % d’ici à 2040 si rien n'est fait).

En 2012, la chanson Gangnam Style de Psy dépassait le milliard de vues sur YouTube et la couverture médiatique a été impressionnante. C'était un évènement, un tournant pour la plateforme de streaming. Aujourd'hui la chanson Despacito approche les 8 milliards du vues et plus personne n'est étonné. Ce parallèle permet d'illustrer la fait que le numérique occupe une place considérable dans nos vies, de par nos usages et la multiplicité de nos objets connectés, sans en être pleinement conscient.

Par ailleurs, les enjeux du numérique ne sont pas seulement liés aux émissions carbone. Il est important de rappeler que les impacts environnementaux concernent également la consommation de ressources abiotiques (eau, minéraux…) et la consommation d’énergie primaire[^3].

Comprendre les impacts du numérique

Pour caractériser l'impact du numérique, il est important de rappeler les 3 niveaux divisions de ce secteur.

  • Les terminaux des utilisateurs, correspondant à tous les objets connectés que vous utilisez ! (télévisions, smartphone, ordinateurs, imprimantes, casques audio ...)

  • Les centres de données (ou data centers) ; ce sont les infrastructures qui permettent aux différents sites et applications que vous utilisez d'exister. Ces centres regroupent serveurs, ordinateurs centraux et modules de stockage qui permettent l'hébergement des services numériques.

  • Les réseaux permettent d'acheminer les données depuis les centres de données jusqu'à vos appareils. Ils peuvent être fixes (fibre, câbles, cuivre) ou mobiles (antennes 3G, 4G ou 5G).

Pour chacun de ces 3 niveaux, les impacts peuvent être décomposés entre la fabrication et l'usage. La phase d'utilisation représente une faible part de l'impact en France. En effet l'usage correspond essentiellement à une consommation électrique, l'électricité française étant particulièrement décarbonée.

S'il y a un chiffre à retenir dans ce guide, c'est peut-être celui-ci : parmi les 3 composantes citées ci-dessus, les terminaux représentent environ 80% de l'empreinte GES du numérique en France dont l'essentiel réside dans la production des appareils (voir partie suivante).

C’est pourquoi, limiter le nombre de ses équipements, leur renouvellement, mais également adopter des pratiques responsables quand on navigue sur internet est essentiel pour réduire les impacts environnementaux du numérique.

Que faire à son échelle ?

1. Eviter le renouvellement précoce de ses équipements

Le premier enjeu est celui de l’impact environnemental lié à la fabrication des équipements et support (ordinateur, smartphone, tablette, télévision, etc.). En effet, leur fabrication est extrêmement gourmande en énergie et en eau. Ainsi, en France, pour un smartphone, sur l’ensemble du cycle de vie, c’est près de 3/4 des émissions de GES (source Base Carbone) et 80 % de la consommation en eau qui proviennent de la phase de fabrication. Plus généralement, la fabrication d'un produit électronique représente environ 80% de son empreinte carbone[^4].

La fabrication d'un produit électronique représente 80 % de l'empreinte carbone sur son cycle de vie

Il est donc indispensable d’éviter les renouvellements précoces de ces appareils (pour cause d’obsolescence perçue et/ou technique ) et d’essayer de faire en sorte de maximiser leur durée de vie. Ainsi, si tous les foyers français allongeaient d’un an (sur une période de 10 ans) la durée d’usage totale de leurs équipements multimédias (au lieu de les remplacer), cela contribuerait à éviter l’émission de plus de 4 millions de tonnes de CO2eq [^5]. Pour approfondir, n'hésitez pas à consulter nos fiches sur l'enjeu d'allongement de la durée de vie ainsi que sur les achats d'occasion

De plus, questionner le besoin réel en équipements connectés est également nécessaire si l’on souhaite réduire l’impact de sa consommation numérique. En effet, le besoin réel d’une montre connectée, d’un tracker d’activité physique ou encore d’un frigo pilotable à distance est questionnable quand on connait l’impact environnemental de leur fabrication ainsi que celui associé aux traitements des quantités de données transmises.

2. Adopter des pratiques numériques responsables

Il est difficile de définir l’impact GES moyen d'une action étant donné que l'impact dépend des pratiques de chacun, des appareils utilisés ou encore des données disponibles pour le quantifier.

Néanmoins, il est utile d'avoir certaines bonnes pratiques en tête :

  • Sur vos smartphones, privilégiez un visionnage vidéo en wifi et non via les données (réseau 3G, 4G, 5G)[^1]
  • Désactivez la lecture automatique des vidéos sur les réseaux sociaux.
  • Sur vos plateformes vidéos, téléchargez une série plutôt que la regarder en streaming
  • Diminuez la qualité des vidéos que vous regardez afin de diminuer la quantité de données transmise.
  • Ne conservez, sur un espace de stockage à distance (cloud), seulement ce qui vous est réellement utile. Pour le reste (fichiers moins utiles, ou très lourds comme des vidéos) privilégiez le stockage local. Derrière le cloud, se cache un espace de stockage ou se trouve des centaines d’ordinateurs, serveurs, circuits de refroidissements, etc.

3. Apporter vos équipements en fin de vie dans des Points d'Apports Volontaires (PAV)

Les PAV ont vocation à recevoir vos déchets dans des conteneurs spécifiques. Les utiliser permet de légitimer et faire monter en puissance les filières de recyclage et retraitement. En effet, plus ces filières reçoivent d'équipements plus les volumes de matières premières issues du recyclage augmente et plus leur compétitivité s'améliore. Pour trouver votre point de collecte, utilisez notre simulateur Que Faire de Mes Déchets !

Image : Que faire de mes déchets ?

De plus, recycler ses déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) permet d'éviter d'encombrer davantage les décharges en Afrique notamment, où sont envoyés les déchets sous prétexte qu'ils seront réutilisés ou réparés. Agbogbloshie au Ghana est la plus grande décharge de DEEE à ciel ouvert. Un article de France TV Info met en lumière cette réalité.

Pour approfondir:

Sources

[^1]: Pour un numérique soutenable, avril 2022, ARCEP [^2]: Lean ICT- pour une sobriété numérique, octobre 2018, The Shift Project [^3]: Empreinte environnementale du numérique mondial [^4]: Impacts environnementaux du numérique en France [^5]: Evaluation environnementale et économique de l’allongement de la durée d’usage de biens d’équipement électriques et électroniques à l’échelle d’un foyer