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Comment réduire l’empreinte carbone du poste alimentation ?

Tout d'abord un peu de contexte - De quoi parlons-nous ?

En France le secteur de l’agriculture est le deuxième secteur le plus contributif aux émissions de gaz à effet de serre. Ce secteur émet chaque année 85 Mt de CO2eq ce qui se représente 19 % des émissions françaises[^1].

Infographie : l'agriculture représente 19% des émissions en France

Si l'on devait catégoriser ces émissions par type de gaz à effet de serre, on obtiendrait la décomposition suivante[^2] :

  • environ 45 % de méthane (CH4) dû aux élevages (fermentations entériques c’est-à-dire la digestion des ruminants et stockage des effluents),
  • 40 % de protoxyde d’azote (N20) lié à la fertilisation des cultures et aux engrais azotés
  • 15 % de CO2 qui provient de la consommation d’énergie (fioul, gaz, carburant, électricité) nécessaire au fonctionnement d'une exploitation (engins agricoles, serres chauffées, bâtiment, etc.).

Infographie : décomposition des GES liés à l'agriculture

La consommation de viande et plus particulièrement l’élevage joue donc un rôle majeur dans les émissions de gaz à effet de serre de l’agriculture.

Que faire à son échelle ?

🥩📉 1. Modifier sa consommation de viande et tendre vers un régime végétarien

  • Pour commencer, privilégier des viandes à plus faible impact carbone comme le porc ou la volaille

Graphique : émissions GES par animal

  • On peut ensuite réduire sa consommation de viande

Infographie : la production d'un kilogramme de viande émet 5 à 10 fois plus de GES que celle d'un kilogramme de céréales

  • Enfin, on peut devenir végétarien

Infographie : en France 80% des surfaces agricoles sont dédiées à l'alimentation animale

Et devenir végétalien, c’est encore mieux non ? Oui, en effet devenir végétalien c’est réduire de manière encore plus significative l’empreinte carbone de son alimentation. Cela va plus loin encore qu'être végétarien : il s'agit de ne plus consommer de produits issus d’animaux (œufs, laits, fromages, etc.). Même si les produits issus des animaux ont très souvent des empreintes carbone inférieures à la viande elle-même (à quelques exceptions près), ils ont à l’inverse une empreinte carbone bien plus forte que les produits végétaux (fruits, légumes, légumineuses, etc.) Cependant devenir végétalien nécessite de maitriser quelques notions de base en nutrition afin de garantir que son régime alimentaire ne comporte aucune carence.

☀️🍅 2. Manger des produits de saison

Et oui trouver des tomates en plein hiver n'est pas sans conséquence supplémentaire sur l'environnement.

Infographie : une tomate poussant sous serre chauffée hors saison consomme 10 fois plus d'énergie qu'une tomate de saison

Et consommer bio, ça ne réduit pas mon empreinte carbone ? C’est compliqué ... Difficile de dégager un consensus scientifique. De manière générale et d’un point de vue purement Gaz à Effet de Serre (GES), on a tendance à considérer l’agriculture biologique comme plus « contributrice » au changement climatique. En effet, à production et produits égaux, une culture bio va nécessiter des parcelles agricoles plus grandes, réduisant la taille des forêts et des zones naturelles, zones essentielles à la séquestration du carbone. Néanmoins, cette réflexion est faite à production égale et à l’échelle française (c’est-à-dire en gardant les mêmes cultures). Or une transformation de nos modèles agricoles pour les adapter au futur monde bas carbone et aux conséquences du changement climatique suppose de repenser la finalité de l’agriculture (la France est à l’heure actuelle le 5e exportateur de denrées alimentaires avec 69 millions de tonnes de produits agricoles (dont 32 rien que de céréales)[^3]. Cette finalité repensée (comme une autosuffisance plus grande) permettra de changer les pratiques, de diversifier les cultures et les rotations au bénéfice de l’activité biologique des sols et de réduire également de nombreux impacts environnementaux et sociaux (perte de biodiversité, pollution des sols, des eaux souterraines, santé des agriculteurs, etc.) via notamment une diminution des intrants (produits phytosanitaires, engrais azotés de synthèse, etc.). Néanmoins, pour réussir à transformer notre agriculture, le consommateur doit aussi faire sa part. En effet, cette transformation doit s’accompagner d’une transformation de notre régime alimentaire, afin que ce dernier soit moins carné et complété de plus de céréales et légumineuses.

🚯 3. Limiter sa production de déchets et réduire le volume de ces poubelles

  • Coller une mention « Stop Pub » sur sa boite aux lettres

Action a priori anodine, mais en moyenne chaque année c'est tout de même 14 kg de prospectus publicitaires par habitant qui sont déposés dans nos boites aux lettres[^4].

  • Acheter en vrac et réutiliser vos emballages

Les emballages (plastique notamment) sont extrêmement durs à recycler et à réutiliser. De plus, il est aussi courant qu’une part significative de ces déchets plastiques soit exportée et vendue à d’autres pays. Ainsi en 2016, pas moins de 50 % des déchets plastiques triés européens ont été exportés vers la Chine. Cette exportation (vers des pays aux normes environnementales moins contraignantes) et une des raisons qui font que chaque année entre 8 et 12 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans. On estime ainsi qu’un “7e continent de plastique” flottant au large de l’Océan Pacifique contiendrait environ 80 000 tonnes de déchets plastiques et s’étendrait sur une surface d’environ 1,6 million de km2 (soit plus de 3 fois la surface de la France métropolitaine).

Infographie : 85% des emballages jetés par les ménages sont des emballages alimentaires

  • Réduire son gaspillage alimentaire

En France, environ 32 kg de déchets alimentaires sont jetés par personne et par an dont 7 kg d’aliments encore emballés Le gaspillage alimentaire représente environ 10 % de notre poubelle grise[^5].

  • Composter ses biodéchets Les déchets putrescibles représentent presque le tiers des déchets de nos poubelles. Si on y ajoute les papiers souillés, c’est presque 40 % des ordures des ménages français qui pourraient faire l’objet d’une valorisation organique.

Infographie : les déchets compostables représentent 83 kg par habitant et par an

Le terme valorisation organique désigne les modes de gestion et de valorisation des déchets biodégradables (déchets alimentaires et déchets verts notamment pour les ménages). Cela regroupe la méthanisation et le compostage. La méthanisation est un processus de décomposition de la matière organique contenue dans les déchets biodégradables en milieu anaérobie (c’est-à-dire en absence d’oxygène) Le compostage est un procédé de traitement aérobie (en présence d’oxygène) des déchets fermentescibles par les micro-organismes, dans des conditions contrôlées. Il produit du gaz carbonique, de la chaleur et un résidu organique stable (faible potentiel de biodégradabilité), riche en composés humiques : le compost.

  • Tendre vers un mode de vie zéro déchet

Même si le secteur des déchets représente seulement 4 % des émissions de gaz à effet de serre en France[^1], réduire le volume de sa poubelle est bénéfique à bien d’autres égards (réduction pollution plastique, besoin en matière première diminué, etc.). Un leitmotiv : le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas !

Infographie : une poubelle grise d'un français moyen pesait 254 kg en 2017

Trier ces déchets, ça sert vraiment à quelque chose ? Oh oui ! Mais pas seulement pour des questions d'impact carbone Même si un tri de qualité permet de limiter les besoins en « sur-tri » (i.e. tri fait à nouveau a posteriori de la collecte) et donc réduire la consommation énergétique des filières de traitement, l’avantage du tri se situe sur les économies de matière qu’il permet. Plus particulièrement, cela permet d’éviter de perdre de la matière et donc de ne pas avoir à en recréer. Grâce au recyclage on conserve donc, pour un nouvel usage, une partie de l’énergie et de la matière contenue dans le déchet. À titre d’exemple, ce n’est pas moins de 95% d’énergie économisée par la confection d’une tonne d’aluminium à partir d’aluminium recyclé . Même si certains taux de réutilisation de la matière recyclée sont très faibles (pour le plastique notamment, où le taux de réincorporation est seulement de 6% contre 49% pour la ferraille, 56 % pour le calcin (verre) et 67 % pour les papiers et cartons[^6]), le tri de ses déchets est un geste important pour la préservation des ressources et dans une mesure plus relative, pour le climat. Infographie : seulement 40% des déchets ménagers sont recyclés

🌭 4. Réduire sa consommation de produits transformés/surgelés

Les produits transformés sont, d’un point de vue nutritif, très souvent en deçà de leurs équivalents frais. Ils sont plus riches en graisses, sucres et protéines animales et consomment davantage de ressources naturelles.

Infographie : entre les années 50 et 2000 notre régime alimentaire c'est +30.7% de sucre et + 50% de matières grasses

💧 5. Boire l’eau du robinet

L’eau en bouteille coûte en moyenne 100 à 300 fois plus cher que l’eau du robinet[^7]. Ainsi, lorsqu’on achète une bouteille d’eau en plastique :

  • l’eau (le liquide) représente 20% du coût total
  • la fabrication de l’emballage en représente 80 %

Infographie : l'impact d'une bouteille d'eau en plastique est 450 fois supérieur à celui de l'eau du robinet


Pour approfondir:

Guides et informations grand public

Sources

[^1]: Haut Conseil pour le Climat [^2]: Ministère de l'agriculture et de l'alimentation issu de l'inventaire SECTEN du CITEPA, ed. 2020 [^3]: Consolidé depuis les données de Food and Agriculture Organisation [^4]: Gisement d'évitement considéré dans cette étude [^5]: MODECOM 2017 - Campagne nationale de caractérisation des déchets ménagers et assimilés, mars 2019, ADEME [^6]: Les filières de recyclage de déchets en France métropolitaine, Rapport à Madame la Ministre de la Transition écologique et solidaire, janvier 2020 [^7]: Le Centre d'Information sur l'Eau