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Les 4 réflexes à adopter pour une garde-robe économe en eau

Un article de Julie Pouliquen, mis à jour le 06/11/2024

Consommation
Eau

Une garde robe, image de Priscilla du Preez

1. Entretenir une garde-robe réduite

Une garde-robe économe en eau, c’est avant tout une garde-robe adaptée à votre usage. Une étude menée par Movinga en 2018 a estimé que les français ne portaient pas 68% de leur garde-robe ! Quand on voit le poids de ces vêtements dans notre empreinte eau (et notre empreinte carbone…), c’est un vrai gâchis environnemental.

Les tee-shirts sont assez symptomatiques de cette société de l’abondance : objets promotionnels, cadeaux sportifs, de combien d’entre eux avons-nous pu dire “Bah, ça fera un pyjama !” ?

À l’heure où l’on peut acheter un tee-shirt pour moins de 5€, il est grand temps de réaliser l’importance de notre empreinte eau, et de faire du tri dans nos achats (et nos placards, pour renvoyer nos tee-shirts inutilisés vers des filières de seconde-main).

Réduire son empreinte eau, c’est donc, comme toujours, faire moins avant de mieux : un nombre limité de vêtements, portés longtemps, lavés uniquement si nécessaire, réparés quand ils sont abîmés, et amenés en point de tri pour recyclage, en fin de vie.

Maintenant, s’il s’agit d’acheter…

2. Choisir la bonne matière première

Avant de confectionner un tee-shirt, il nous faut du tissu. Il existe toute une variété de matières premières à partir desquelles nous pouvons fabriquer un tee-shirt, et ces matières premières ont des empreintes eau qui varient énormément ! Choisir un tee-shirt économe en eau, c’est avant tout choisir le bon matériau. Passons-les en revue…

L’incontournable : le coton

Différence d'empreinte eau entre les cotons

La majorité de nos tee-shirts est fabriquée en coton. Or, celui-ci a une empreinte eau très importante : il faut 58 m3 d’eau pour produire 1 kg de coton. 90% de l’empreinte eau d’un tee-shirt en coton provient de la matière première. Le processus de transformation, lui, est relativement peu consommateur d’eau.

L’empreinte eau du coton biologique est de 53,6 m3/kg. La différence est liée à l’absence de pollutions liées à cette culture. Si elle paraît faible en valeur, elle a donc de multiples autres co-bénéfices pour l’environnement. Le saviez-vous ? La culture du coton concentre à elle seule 25% de l’utilisation des pesticides dans le monde.

Vous vous demandez si le coton de votre tee-shirt est réellement bio ? Voici le lien vers un article très complet sur les labels de la filière textile.

Enfin, si vous souhaitez rester sur le coton pour votre tee-shirt, vous pouvez opter pour du coton recyclé : la production d’1 kg de coton recyclé nécessite 5,38 m3 d’eau, soit plus de dix fois moins que la production de la matière première !

Le concurrent numéro 1 : les fibres synthétiques et artificielles

Les matières synthétiques nécessitent beaucoup moins d’eau pour leur fabrication :

  • 0,38 m3/kg pour le polyester
  • 2,31 m3/kg pour le nylon
  • 1,82 m3/kg pour l’acrylique
  • 3,86 m3/kg pour le viscose

… mais leur utilisation pose d’autres problèmes :

  • Les fibres synthétiques sont produites à partir d’une ressource polluante non renouvelable (le pétrole et ses dérivés)
  • Ces tissus rejettent tout au long de leur vie des polluants, dans l’eau de lavage, des micro-plastiques qui finissent par arriver dans les océans et polluer toute la chaîne alimentaire.

Les alternatives durables : les fibres naturelles économes en eau

Il existe des fibres naturelles dont la production consomme très peu d’eau. Ce sont les plus anciennes fibres textiles travaillées, elles sont adaptées à nos climats tempérés et nécessitent très peu d’intrants. Naturelles, elles ne polluent pas en se dégradant.

  • Le lin : 5,77 m3/kg

    Le lin pousse en Europe. En France, vous en trouverez majoritairement en Normandie. La production européenne représente les 2/3 de la production mondiale.

  • Le chanvre : 2,59 m3/kg

    Comme le lin, le chanvre nécessite peu voire pas d’intrants pour sa production. Ce matériau, aux qualités naturelles multiples (thermorégulateur, antibactérien, antifongique), qui peut pousser sous presque toutes les latitudes, mériterait de prendre plus de place dans l’industrie textile !

  • La laine : de 2,93 à 27,08 m3/kg selon la provenance

    En France et en Europe, la laine a été délaissée ces dernières décennies au profit des fibres synthétiques. Des filières entières ont mis la clef sous la porte. Aujourd’hui, la laine en France est majoritairement considérée comme un déchet agricole. Elle est, au choix, brûlée, jetée, ou bradée (car non triée, donc peu qualitative) à des acteurs chinois pour la fabrication de vêtements à bas coût. À ce jour, la laine de l’industrie textile vient majoritairement d’Australie, de Chine, de Nouvelle-Zélande, d’Iran ou d’Argentine.

    Recréer une filière laine locale permettrait de valoriser une matière première qui est un co-produit de l’industrie ovine, et de participer à une meilleure rémunération des éleveurs. La laine française a une empreinte eau très faible par rapport à la laine importée.

  • Le jute, le liège, le Tencel® (ou Lyocell), les matières recyclées et upcyclées

    Bien que ne disposant pas de chiffres correspondant à l’empreinte eau de ces matières, nous savons que les procédés de fabrication sont économes en eau, et représentent également une très bonne alternative au coton.

3. Préférer des vêtements moins transformés ou teintés

Les produits écrus n'ont pas nécessité de blanchiment, ni de teinture. Ces étapes sont très fortement consommatrices d'eau ! Privilégier des couleurs naturelles est donc une très bonne chose à faire pour réduire son empreinte eau.

4. Sélectionner un vêtement durable

Il existe trois critères qui forment pour la base de données Ecobalyse (que nous utilisons pour toutes nos données textiles liées à l’empreinte eau) une note de durabilité d’un vêtement, ayant une influence forte sur l’empreinte eau.

En effet, l’empreinte eau d’un vêtement étant lié à sa conception, plus il est porté et plus son empreinte sera faible.

Ces trois critères sont des guides, pour notre quête d’un vêtement économe en eau.

L’incitation à la réparation

La réparabilité d’un vêtement est en quelque-sorte une double garantie :

  • Bien sûr, la réparabilité d’un vêtement permet de lui donner une deuxième, une troisième (une quatrième ?) vie, et donc de le rendre plus durable.
  • Mais aussi, la réparabilité est la garantie d’une conception résistante et durable, car seuls les vêtements les mieux conçus, les plus solides, sont réparables.

La largeur de gamme

Impossible d’assurer une qualité de produit, et de service après-vente, sur une large gamme de produits. Privilégiez donc les marques dont l’offre de produit n’est pas trop large, ni renouvelée trop fréquemment.

L’affichage de la traçabilité

Il est considéré que l’affichage de la traçabilité du vêtement est de nature à générer de l’attachement à ce dernier, et donc à l’utiliser plus longtemps.

Conclusion : le meilleur tee-shirt

Notons en premier lieu que le meilleur tee-shirt est celui que vous portez. Pensez à amener ceux qui dorment dans vos placards à la ressourcerie la plus proche pour qu’ils puissent faire de nouveaux heureux !

La ressourcerie sera également un excellent point de départ pour votre prochain achat de tee-shirt, si vous y trouviez votre bonheur. Évitons de contribuer à produire neuf ce qui existe déjà sur le marché de l’occasion.

Et pour votre prochaine acquisition, voici quelques repères pour distinguer les bons des mauvais élèves en matière de tee-shirts :

Le meilleur tee-shirt

Enfin, rappelez-vous que le meilleur tee-shirt est celui que vous gardez et utilisez longtemps. Et pour cela, mollo sur le lavage ! Vous éviterez l’utilisation d’une grande quantité d’eau domestique, vous éviterez l’émission de polluants, et vous contribuerez à la longévité de vos vêtements. D’ailleurs, triple bonus : les matières naturelles sont celles qui puent le moins, ont le moins besoin d’être lavées, et ne relâchent aucun polluant dans l’eau restituée.